Etat libre d'orange

NOTES DE COEUR: Gariguette aux fraises, Iso E Super, Absolu de rose / NOTES DE FOND: Akigalawood®, Bois de cèdre Atlas, Sandalwood / NOTES DE TêTE: Essence de pomme, Brazilian Bitter Orange, Green Mandarin Essence / GENRE: Unisexe / LE PARFUM LE PLUS RECHERCHÉ, FABRIQUÉ À PARTIR DE CE QUI EST MÉPRISÉ Je suis le fils de ma mère, originaire de la côte oubliée, lointainement située en Nouvelle-Calédonie, où le peuple Borindi, qui vit à l'embouchure du fleuve Ngoye, connaît depuis la nuit des temps les grands principes de l'harmonie avec la nature, ne lui prenant que ce qui est nécessaire tout en préservant l'avenir. En cela, ils sont l'avenir de l'humanité et guident ainsi nos premiers pas dans ce nouvel opus de L'Eau de Parfum Libre d'Orange, à l'ombre des niaouli et des jacarandas en fleurs. À l'aube des années 2000, (avant de les accompagner chaque soir pour visiter les décharges afin de m'assurer qu'elles étaient bien barricadées), alors qu'ils étaient encore petits et que j'étais un jeune trentenaire plein d'espoir conquérant, il y avait un film d'animation de science-fiction que je montrais à mes enfants, intitulé « Le projet Titan ». J'ai appris par cœur sa litanie introductive à force de la répéter. Elle commençait ainsi : « De temps en temps, l'homme découvre un secret si profond qu'il peut changer l'univers : le feu, l'électricité, la fission atomique. À l'aube du XXIe siècle, nous avons inventé le programme Titan... » Eh bien, Les Fleurs du Déchet s'entremêlent un peu avec cette poésie romantique et titanesque de science-fiction qui découle du changement lent, certain et nécessaire visant à réinventer le cycle de toutes nos industries à travers nos déchets et à essayer de faire du parfum un messager non seulement au service de la survie de l'espèce, qui découle de la séduction, mais surtout, en fin de compte, au service de la planète, où la beauté doit jaillir de nos propres miasmes. Nous sentons venir un nouveau « jihad » post-religieux, issu d'un Occident souvent désabusé et polluant, faisant écho à l'animisme New Age et à la violence des pécheurs repentis, et issu de démocraties n.0 où la nature est au centre d'un nouveau partage et d'une nouvelle sacralité. L'alma mater des tribus primitives – et aussi des anciennes – est de retour et exige notre allégeance totale en revendiquant son droit ; et le parfum est le porte-parole ou le prétexte d'un message universel, car la beauté doit briller à travers la saleté, puis nous laver de nos taches de vin bleu et de notre vomi, dispersant le gouvernail et le grappin. Les fleurs du déchet, c'est l'avènement de sécrétions magnifiques, une tentative de contre-révolution par Orange pour 2018, toujours tapageuse, mais enfin utile à la réflexion. Givaudan, Ogilvy & l'Etat Libre d'Orange s'associent pour un ménage à trois au service de l'Alma Mater afin de lui composer un bouquet de pardon et d'essayer de faire savoir à tous, plus fort et plus vite, qu'il sera bientôt trop tard. Chers tous, ne jetez plus rien, car au fond de nos poubelles, les ferments d'un grand amour sont en train d'être redistillés ; avant l'arrivée des camions-bennes, il y a encore des fleurs de rocaille qui peuvent saigner, des écorces qui peuvent encore donner, des miasmes mielleux sur le sol, et bien d'autres concrétions flottantes que nous jetons à la mer, et des exsudats au symbolisme mystique des tribus primitives que nous devons maintenant reproduire. Pleure, ma planète bien-aimée » pour l'enfant qui n'est pas encore né, qu'il n'aime pas trop cette terre qui disparaît... Alan Paton Alors avant qu'il ne soit brûlé ou trop tard, prions le Seigneur des déchets, mon cher Seigneur des restes.